Les émotions et la gestion des émotions chez l’enfant

Quand on parle d’émotion, de quoi parle-t-on?

L’émotion est une réaction à un évènement. Elle se traduit par des manifestations physiologiques, cognitives et comportementales. Elle est soudaine et brève.

On distingue quatre émotions de base : la joie, la colère, la peur et la tristesse. Mais une palette de mots existe pour définir nos états émotionnels et toutes leurs nuances : heureux, ravi, épanoui, enjoué, amusé…

Les émotions nous sont utiles, qu’elles soient agréables ou désagréables, car elles nous donnent des informations sur la satisfaction ou la frustration de nos besoins. Elles sont également universelles et vitales : tous les êtres vivants ressentent des émotions car elles leur permettent de s’adapter à leur environnement. En effet, chaque émotion a un rôle. Par exemple, la peur assure notre protection en nous incitant à fuir ou à attaquer. De plus, elles ont tendance à déclencher le mouvement (sursauter quand on est surpris) et elles nous empêchent de réfléchir quand elles sont intenses. Enfin, elles sont majoritairement inconscientes et involontaires : on ne fait pas le choix de ressentir de la colère ou de la peur. C’est notre cerveau qui réagit à un stimulus externe (évènement) ou interne (pensées) et nous n’en avons pas toujours conscience sur le moment. Quand elles ne sont pas acceptées, elles perdurent dans le temps.

 

Qu’est ce que la gestion des émotions

Réguler ou gérer ses émotions c’est être en capacité de les reconnaître, de les comprendre et de les exprimer de façon socialement adaptée.

Ces compétences dépendent de l’âge de la personne. Nos compétences émotionnelles se développent au fur et à mesure de notre maturation cérébrale et des expériences que l’on réalise. C’est pourquoi un enfant de deux ans et un enfant de dix ans ne gèrent pas leurs émotions de la même façon. Ou que certains troubles du neurodéveloppement peuvent être responsables d’une mauvaise régulation émotionnelle en raison d’un retard de maturation cérébrale.

Reconnaître ses émotions

La régulation des émotions passe par l’identification de celles-ci. On distingue deux portes d’entrée pour reconnaître nos émotions : notre corps et nos pensées.

En effet, quand on ressent une émotion c’est tout notre corps qui est ému. En psychomotricité, on accompagne le sujet à être à l’écoute de toutes ses sensations corporelles et notamment de son tonus musculaire. L’état de contraction de nos muscles varie en fonction de notre état émotionnel : je vais contracter mes poings ou les muscles de mon visage si je suis contrarié. A l’opposée, je vais avoir tendance à relâcher les épaules et à me sentir « mou » si je suis triste.

Outre notre tonus musculaire, nos sensations tactiles peuvent nous renseigner sur notre état émotionnel : qui n’a pas eu la chair de poule face à une image effrayante. Ou encore nos sensations proprioceptives : le sentiment d’avoir une enclume dans l’estomac ou d’avoir la gorge nouée quand on est stressé. 

Observer nos pensées nous permet également de discriminer nos émotions. Être à l’écoute de ce que je me raconte dans ma tête, de « cette petite voix qui se fait ou refait le film » (pensées, jugements, interprétations, souvenirs) m’aide à identifier mes émotions. Et en déroulant le fil, à donner du sens à ce que je vis.

Par exemple, si je vois un ami sur le trottoir d’en face, que je l’interpelle mais qu’il ne me répond pas, je peux me dire qu’il a fait semblant ne pas me voir, qu’il est fâché, qu’il m’en veut et me sentir triste. Je peux aussi me dire qu’il est préoccupé et me sentir inquiet pour lui, ou qu’il est distrait et en être amusé.

Comprendre ses émotions

Les émotions nous sont utiles car elles nous permettent de nous adapter à notre environnement et à prendre soin de nous et de nos besoins. Elles sont comme les signaux d’alerte d’un tableau de bord de voiture qu’il ne faut pas ignorer. Il est important d’écouter l’information qu’elles nous apportent pour contribuer à notre bien-être, exprimer notre plein potentiel et assurer des relations authentiques et plus sereines avec les autres.  

Dans l’approche de la communication non-violente, nous allons explorer nos émotions pour identifier nos besoins satisfaits ou frustrés. En effet, tous les humains sont animés par des besoins : de sécurité, de survie, de liberté, de récréation, relationnels, d’accomplissement…Si ces derniers sont satisfaits nous éprouvons des émotions plutôt agréables telles que la joie, la fierté, la sérénité, le calme…S’ils ne sont pas satisfaits, nous ressentirons plutôt des émotions comme la peur, l’irritabilité, l’épuisement ou la crainte par exemple.

Identifier nos besoins nous permet d’ajuster nos comportements, de faire des demandes ou de trouver des solutions pour les satisfaire et retrouver notre équilibre.

 

Exprimer ses émotions

Quand l’enfant est petit et ne possède pas encore les compétences langagières suffisantes, il exprime ses émotions via le corps : agitation motrice, tensions musculaires, effondrement au sol, cris…Puis, baigné dans un bain de langage, avec une conscience du corps qui se construit progressivement et gagnant en contrôle de soi, il va apprendre à réguler son comportement et à exprimer ses émotions verbalement. Quand il est jeune ou en difficulté pour exprimer son émotion, c’est le parent qui met les mots sur le vécu de son enfant pour l’accompagner dans ce qu’il traverse et l’aider à s’apaiser.

Parfois l’émotion est si intense, que les mots nous manquent pour exprimer ce que nous vivons ou ressentons ou pour accepter d’en parler. Il est alors important de diminuer la tension qui nous assaille, dans un premier temps, afin d’offrir un espace de réflexion et de parole, dans un second temps. On distingue plusieurs moyens pour s’apaiser : se retirer dans un lieu calme (loin du stimulus), souffler (la respiration est un moyen physiologique pour apaiser le corps), décharger au niveau moteur (courir, sauter, repousser un mur…), s’ancrer (faire un mandala, écouter de la musique, utiliser du matériel lesté, méditer) ou utiliser une stratégie de diversion (faire une autre activité, compter à rebours). Chacun peut user de sa créativité pour trouver sa stratégie d’apaisement.

On ne se libère pas d’une chose en l’évitant mais en la traversant

Et en psychomotricité

La difficulté de gestion des émotions est souvent un motif de consultation en psychomotricité.

Il s’agit d’abord pour le psychomotricien d’évaluer et de comprendre les raisons de ces difficultés (immaturité psychoaffective, troubles du neurodéveloppement, difficultés de langage…).

Puis l’espace de psychomotricité va devenir un laboratoire d’expérience pour développer ses compétences émotionnelles. En effet, le psychomotricien va créer des situations ou se saisir de ce que l’enfant met en place pour l’accompagner à identifier ses émotions, à prendre conscience de ses ressentis corporels, à comprendre ce qu’il vit et ressent, à développer des stratégies pour réguler son comportement, à exprimer ce qu’il ressent par des mots ou au travers de supports comme le dessin, le jeu, l’écriture…

Le psychomotricien est également formé à mettre des mots sur l’activité motrice de l’enfant c’est-à-dire qu’il peut être amené à jouer au « traducteur des émotions ». Il a donc un rôle important quand l’enfant n’a pas encore les mots pour exprimer ce qu’il vit.

Par exemple : « Quand je te vois serrer les poings, t’agiter sur ta chaise et lever la voix, je me demande si tu n’es pas énervé car l’exercice te paraît trop dur. Qu’en penses-tu ? ».

 

Si vous pensez qu’un avis psychomoteur et/ou un accompagnement en psychomotricité pourrait être bénéfique à votre enfant, vous pouvez nous contacter pour informations et rendez-vous.